Guerres de décolonisation et SF

Étonnant de constater que, jusqu'à présent, au regard de la force de pénétration de la SF anglo-saxonne, aucun titre n'ait été cité concernant La guerre d'indépendance des États-Unis. Même si le cas semble à part dans la mesure où elle fut le fruit des colons implantés eux-mêmes...!

Ainsi, peut-on peut-être, envisager le topo via le versant dissidence de factions colonisatrices issues du même monde. Les énormes distances stellaires à franchir imposent de prendre en compte la notion de temps entre le départ et l'arrivée et réciproquement. Entretemps, tout peut se passer..!

Je persiste et signe à penser que Shepard et Vance peuvent quelquefois faire l'affaire. Il me semble qu'ils sont tous les deux, pour des raisons diverses et peut-être opposées, dans la dynamique les ayant conduits à s'être penchés sur la décolonisation. Mais ne connaissant finalement que peu ces deux auteurs je m'en remet aux connaisseurs ce qui ne m’empêchera de chercher de mon côté.

Lisbei avait proposé, agrémentant elle-même la proposition de questionnements, "La Vie en Temps de Guerre" de Shepard. Je n'ai pas encore réussi, ne l'ayant pas lu, à trouver des éléments Web dans le sens de son incorporation. N'empêche, cet auteur possède le profil, j'en suis sûr.

Je pense à un truc. L'agent catalyseur de la décolonisation peut ne pas seulement être le désir du colonisé de s'émanciper, mais aussi une force surnaturelle séculaire éveillée par les exactions des colons sur la nature (par exemple). C'est pourquoi, ainsi, ne puis-je m'empêcher de penser à Shepard et à sa force fantastique dans la SF (dans le sens où, chez lui, les deux thèmes, sont indissociables).

Je pense à Vance, mais peut-être faut t'il élargir aux "brasseurs de mondes" qui ne résistent pas à imaginer des mondes complets dans les moindres détails, imposant cycles à rallonges explorant la moindre ramification..!

Bon allez, je stoppe ici..! Pour l'instant..!

		Citation : Étonnant de constater que, jusqu'à présent, au regard de la force de pénétration de la SF anglo-saxonne, aucun titre n'ait été cité concernant La guerre d'indépendance des États-Unis.

Révolte sur la Lune de Heinlein ?
C'est un peu une métaphore de la révolution us de 1776, non ?

		lacroute : Vance

Il y aurait bien Les domaines de Koryphon.
Dans sa critique Roland C. Wagner le compare (en sa défaveur) à un roman de Carsac : "L'idée que, « sauf dans certains cas isolés, les titres [de propriété] de chaque terre ont pour origine un acte de violence, plus ou moins lointain », et qu'il s'agit d'une leçon que nous donne l'histoire, quoique typiquement vancéenne dans son pessimisme, montre bien les limites de la réflexion politique de l'auteur : sur ce plan, le roman est loin de rivaliser avec, par exemple, Ce monde est nôtre, de Francis Carsac, qui présente une situation analogue. Mais il est vrai que Carsac — malgré ses dénégations — s'est apparemment inspiré de l'Algérie coloniale, tandis que Vance lorgne plutôt du côté de l'Afrique du Sud ou de la Rhodésie."

		lacroute : Le nom de Shepard revient une fois de plus, en grand bourlingueur reconnu, sans doute. Est-ce le fruit de ses expériences "touristiques" qu'il a cherché à utiliser..?

Ses expériences l'ont particulièrement sensibilisé aux problèmes parfois dramatiques liés à la colonisation économique de l'Amérique latine/centrale par de grandes entreprises US.
Le début de cette interview en donne un aperçu.

		Olivier : Est-ce que L'invasion des profanateurs de Finney (bon roman mais fin totalement foirée) et Les coucous de Midwitch (récemment retraduit chez DLE avec l'excellent Chocky) ne pourraient pas entrer dans le sujet ?

J’ai tendance à penser que non,
en distinguant invasion, occupation et colonisation.

Dans ce registre où c’est le corps humain qui est le territoire, je citerais plutôt L’homme programmé de Robert Silverberg (le propriétaire « naturel » reclame la restitution de son corps au propriétaire légal…)

PS : je ne me souviens plus de la fin du roman L’invasion des profanateurs ; est-elle très différente de l’adaptation de Don Siegel (que je m’apprête à revoir) ?

		lisbeli : pour moi Kirinyaga penche vraiment du côté de l'uchronie, pas grand-chose à voir avec la colonisation/décolonisation.

dans mon souvenir les nouvelles racontent la re-création (et la chute) d'un Kenya mythique dans une station spatiale, donc ne forment pas vraiment une uchronie. Cela a eu son heure de gloire mais l'idéologie du héros (Koriba ?) est parfois tellement réactionnaire et passéiste que cela explique peut-être pourquoi le recueil a été très peu réédité (trois fois à en croire l'ISFDB).

Donc, merci Jim, nous rajoutons un Vance et un Carsac à la lignée.
Belle idée que celle du territoire humain colonisé et des rapports conflictuels entre propriétaires successifs..!
Concernant le Resnik, j'ai noté quelque part (mais où..?) la notion d'utopie..!

		Olivier : Révolte sur la Lune de Heinlein ? C'est un peu une métaphore de la révolution us de 1776, non ?

C'est comme ça que je perçois ce roman moi aussi.

		Citation : Pourquoi..? Bifrost en laisse pourtant un bon écho en fin de préface à la nouvelle (je cite page 8 "Resnik signe ici l'un de ses tout meilleurs textes.."). Peut-être parce qu'il n'aurait pas du revenir sur l'univers déjà créé...?

Je reviens un peu en arrière.
L'utopie Kilimandjaro m'a paru peu crédible, ses acteurs s'adaptant trop facilement aux évolutions. Et puis, je crois que je préfère Kirinyaga, du moins son traitement dramatique. Là, j'ai surtout eu l'impression de lire une utopie américaine avec un dénouement un tantinet struggle for life.