Pourquoi aller chercher si loin...

Ce sujet me vient d'une simple observation : l'immense majorité d'entre vous, lorsqu'on lui demande de citer un auteur, un livre, etc, parle
1) d'auteurs anglo-saxons ;
2) d'auteurs assez anciens.
Loin de moi l'idée de critiquer, j'avais juste envie de vérifier si vous connaissiez un peu la nouvelle vague des auteurs francophones. Les premiers qui me viennent à l'esprit : Ayerdhal, Dunyach, Bordage, Roland C. Wagner, et plus récemment Thomas Day, Fabrice Collin...
Vous les connaissez? Vous les appréciez?
Personnellement, j'en suis au point de faire un mémoire sur cette nouvelle vague pour les faire découvrir en bibliothèque publique!
En fait, j'en suis presque à envier ceux qui ne les connaissent pas, et qui vont avoir la chance de se plonger pour la première fois dans un roman d'Ayerdhal...

Personnellement, avant de connaître ce site, lorsque je cherchais à lire un nouveau bouquin de SF, je posais des questions autour de moi, mais finalement peu de personnes (en tout cas, que je connaissent) lisent de la SF. Ainsi, les références dont j'entendais parler étaient toujours un peu les mêmes... les auteurs bien connus comme Hamilton, Simmons, Azimov, Dick...

Pour les auteurs français, il en va autrement. Bordage connait de plus en plus de succès mais pour les autres, leurs noms ne sont pas encore parvenus au rang des auteurs anglo-saxons. Je trouve donc que ton idée de faire un mémoire consultable dans les bibliothèques privées est une excellente initialtive ! (d'ailleurs, si on peut en profiter... ce sera avec plaisir !)

Donc, comme je le disais tout à l'heure, c'est grâce au forum (merci les copaings) que j'ai entendu parler de ces auteurs français. D'ailleurs, je viens de recevoir ma commande... "Demain une oasis" d'Ayerdhal que je lirai après le cycle des "Seigneurs de l'instrumentalité" qui est mon livre de chevet actuellement !

Ayerdhal est un très bon auteur, c’est certain. Parleur(les Chroniques d’un rêve enclavé) est d’ailleurs un vrai chef-d’oeuvre, n'ayons pas peur des mots ! J’ai déjà aussi entendu beaucoup de bien sur son dernier roman, Transparences.
Les autres auteurs que tu cites sont souvent très appréciés également, excepté peut-être Bordage, que j’apprécie personnellement beaucoup, mais qui apparemment ne fait pas toujours l’unanimité (à l'exception peut-être de l'Evangile du serpent et de l'Ange de l'abîme ?). Quant à Fabrice Colin, il est bien l’un des seuls auteurs que j’aie jamais trouvé classé en littérature générale ! C'est pour le moins engageant (par contre je n’ai encore rien lu de lui)...

J’ai l’impression que la raison pour laquelle les lecteurs évoquent en premier lieu des auteurs anglo-saxons (et je n’échappe pas à la règle !) est que c’est avec ces mêmes auteurs qu’ils ont découvert la SF : les romans généralement acceptés comme classiques du genre sont souvent ceux de l’âge d’or, et donc anglo-saxons… D’autre part, je me demande si la barrière de la langue ne joue pas également : les éditeurs sélectionnent de préférence les meilleurs romans étrangers pour leurs publications, puisqu’il est nécessaire de les traduire. Du fait, cela induit une sorte de présélection dont sont exclus des romans qui, s’ils avaient été écrits en français, auraient peut-être été publiés, et qui laisse donc l’impression que les auteurs anglo-saxons produisent pour la plupart une oeuvre de grande qualité… Qu’en penses-tu ?

PS : comme le dit Ione, n’hésite pas à nous faire profiter de ton mémoire (qui propose d’ailleurs une analyse de l’oeuvre actuelle d’Ayerdhal, si je ne m’abuse ?). ;-)

		Citation : ...les éditeurs sélectionnent de préférence les meilleurs romans étrangers pour leurs publications, puisqu’il est nécessaire de les traduire...

Si les éditeurs ont l'excellente idée de traduire les meilleurs écrivains anglo-saxons (pour notre plus grand plaisir), il faut aussi savoir que cela revient moins cher de payer un traducteur et quelques droits sur une bouse littéraire que de payer un auteur à écrire un nouveau roman (et d'assez loin). La preuve : le nombre souvent impressionnant de bouquin à deux euroballes venant de l'étranger trônant sur les étalages.
Au contraire, un auteur francophone, s'il passe au travers du filet éditorial, à tout intérêt à se vendre vite, et bien, s'il veut avoir une chance d'être publié deux fois... (cfr Bordage : refusé partout, ses romans ont dormi 10 ans au fond de son bureau)
Néanmoins, il faut souligner le travail de quelques éditeurs (dont l'Atalante ou Mnémos) qui veulent éditer de la littérature de l'imaginaire francophone.

Pour ce qui est de faire profiter tout le monde de mon mémoire, moi je veux bien mais :
1. il faut que je le termine, héhéhé
2. ce n'est pas prévu qu'il soit dispo en ligne...
Donc (à moins que culture-sf ne m'héberge), il faudra me fournir votre mail et je vous envoie tout ca.
Pour rappel, j'analyse et résume l'intégralité des oeuvres de 5 auteurs (considérés comme majeurs) de SF francophone moderne : Ayerdhal, Bordage, Dunyach, Thomas Day, Roland C. Wagner.

Pour que vous puissiez juger, voilà à quoi ressemble une notice de mon mémoire (celle de Parleur, cité plus haut) :

Parleur ou les chroniques d'un rêve enclavé / Ayerdhal. -
Paris : J'ai lu, 1997. -
375 p. ; 18 cm. -
(J'ai lu. S-F ; 4317). -
ISBN 2-290-04317-6

Résumé : Karel est mort. Le poète incendiaire, qui de ses mots criblait les pouvoirs des Princes de Macil et de la Citadelle, leurs impôts et le monde moyenâgeux et inhumain qu'ils contribuent à maintenir, s'est vu opposé des traits plus matériels. Mais le vent de révolte continue de souffler, et d'autres sont près à reprendre le flambeau : Mescal le Magicien, Halween la Mante, Gabar l'Ours, Teng le Gros, Qatam le Guerrier, le Vielleux, Vini l'Epistolière, et surtout Parleur, qui par de simples paroles raniment l'esprit même de la révolte, une révolte qui ne passerait pas par la violence, mais par une coupure envers ce monde qui leur déplait. Enclaver une Colline libertaire pour faire vivre le rêve de Karel...

Analyse : Pour une fois qu'Ayerdhal s'éloigne de la SF, il se paye le luxe de créer un style que beaucoup ont appelé la politique-fantasy. Mais à travers cette oeuvre à part, on peut retrouver le thème favori d'Ayerdhal, cette lutte face aux pouvoirs qui laissent les gens crever de misère. Loin des habituels mondes de la fantasy, l'auteur s'amuse à en détourner les classiques : le héros est non-violent, la magie n'existe qu'entre les mains d'un prestidigitateur doué, et les femmes ont une place prépondérante.
Ce qui reste, quand on referme ce livre, c'est son immersivité : chaque personnage devient un ami, presque un intime, on ne peut que s'identifier à l'un ou à l'autre... Trop peut-être, car chacun de leurs malheurs nous revient en pleine face, et le cynisme d'Ayerdhal ne nous préserve de rien. Sa meilleure plume est trempée dans son meilleur vitriol, et notre vision du monde ne s'en tire pas sans mal.

Une notice très intéressante, et fort pertinente. Bravo ! Si le reste de ton mémoire est à son image, je pense que le résultat sera d'une grande qualité.

Pour ce qui est de l'hébergement, aucun problème de mon côté, bien au contraire. On en reparlera, si tu le souhaites, lorsque tu auras terminé. D'ici là, bon courage, car cela représente un sacré boulot !

Je n'ai rien lu d'Ayerdhal. Je vais donc combler cette lacune. Merci en tout cas.

Je vois que vous êtes plusieurs à citer Bordage comme un exemple de ce qu'on peut faire d'excellent en France... Bon ben moi chuis en train de lire Wang et ça m'ennuie terriblement. Je ne saurais pas dire pourquoi, c'est juste que l'histoire de ce voyage initiatique ne me touche pas, ne m'apprend rien, bref ne m'intéresse pas... C'est grave, dites ?

Pour apporter une touche plus positive, il y a aussi Brussolo comme auteur français intéressant. Je n'ai pas le temps de lire TOUT ce qu'il écrit, il est très prolifique, mais je suis à chaque fois sidéré par l'imagination de ce gars et certaines des images qu'il évoque me hantent... Les derniers que j'ai lus : "Trajets et itinéraires de l'oubli" et "Le syndrome du scaphandrier".

Hé ! n'oubliez pas Gérard Klein auteur, critique et directeur de collection.
On lui doit quelques classiques de la SF française.

A lire: "Les seigneurs de la guerre"

(Perso, Bordage qui est un peu le papi de la French SF , j'accroche pas tellement non plus.
Pour Wang, je me suis fait chier itoo)

Pour ma part, je trouve Trajets et itinéraires de l'oubli vraiment très bon, très fort. L'auteur y rend à la perfection une atmosphère qui confine à la folie pure. Etant donné qu'il ne s'agit que d'une grosse nouvelle et que l'on trouve l'ouvrage à 2€ seulement (chez Folio, je crois ?), c'est vraiment là l'occasion de découvrir Brussolo !

Quant à Klein, j'apprécie énormément ses préfaces, en particulier pour leur érudition et leur pertinence. Seul petit problème : il a souvent tendance à déflorer quelque peu le roman...

		Citation : Je ne saurais pas dire pourquoi, c'est juste que l'histoire de ce voyage initiatique ne me touche pas, ne m'apprend rien, bref ne m'intéresse pas... C'est grave, dites ?

Oui très grave, tu seras punis pour celà... Mouais, plus sérieusement, je peux comprendre qu'on accroche pas à tous les coups à Bordage, c'est plutôt son côté anticipation à courte échéance/prospective politique qui m'as titillé... A défaut d'être toujours irréprochable comme conteur (même si moi j'apprécie), c'est quand même un visionnaire...

Pour ce qui est de Klein, c'est vrai qu'il a revitalisé à son époque la SF en france, mais je le préfère comme éditeur et directeur de collection que comme auteur (ce n'est pas qu'il soit mauvais, c'est juste qu'il manque un rien de personnalité!).

Brussolo, j'ai jamais accroché, et je reste persuadé qu'il a bien fait de se reconvertir en auteur pour enfant et adolescent (là, c'est vrai qu'il est plutôt bon, mais d'une certaine manière ca souligne un peu la faiblesse de ses trames scénaristiques...)

Vous allez me dire que d'un côté je prêche pour la SF francophone et que de l'autre je casse les auteurs, mais quand j'ai créé ce topic je voulais plutôt parler des auteurs francophones des 10/15 dernières années, donc Klein (il a commencé dans les 50's) et Brussolo (80's, et même s'il continue aujourd'hui il n'a pas vraiment évolué) ne rentrent pas vraiment dans cette catégorie.