« Les réacteurs se déchaînent, poussent le vaisseau à la limite même de la vitesse de la lumière. Ses gorges magnétiques rident l'immaculé du champ dipolaire.
- flèche qui déchire le noir –
- vapeurs d’échappement blanc bleuté de l’hydrogène sifflant –
- astéroïde grisâtre monté sur un chalumeau hurlant –
Il aspire les poussières interstellaires. Mitonne un cocktail d’isotopes. Et recrache derrière lui, jet d’ultraviolets qui se perd dans les abysses… »
L’histoire :
Nigel Wamlsey, avec tout un équipage de scientifiques partent dans l’espace profond pour trouver une solution au problème de la Terre : des vaisseaux extra-terrestres ont littéralement pollué les océans du globe terrestre. En outre, cette pollution est plutôt inquiétante car il s’agit de créatures qui font régner la terreur sur les mers : les « essaimeurs » s’attaquent à tous les bateaux et les coulent systématiquement, plongeant les humains dans une grâve crise économique puisqu’il n’y a beaucoup moins de ravitaillement (de pétrole par exemple). Ainsi, la mission de l’équipe de scientifique est de trouver d’autres planètes, prendre contact avec d’autres civilisations pour débarrasser la Terre de cette vermine. Le premier objectif est Ra 2056, dont d’étranges messages sont émis vers la Terre depuis quelques années …
A travers la mer des soleils est le deuxième opus du cycle du centre galactique composé de :
- Dans l’océan de la nuit
- A travers la mer des soleils
- La grande rivière du ciel
- Marées de lumière
- Les profondeurs furieuses
Un scientifique romancier.
Benford
est physicien. Et à priori, en littérature, un physicien a peu de chance d’être intéressant, lisible, s’embourbant dans des explications techniques et savantes. Surtout s’il écrit des romans dits de hard-science. Et bienBenford
est tout le contraire, il écrit magnifiquement bien, a un style que je trouve parfois poétique et il a le don de pouvoir expliquer des concepts a priori abstraits et difficile à appréhender pour des non-initiés, tout comme l’astrophysique, une science qui non seulement fait appel à des notions scientifiques mais cohabite avec la philosophie. Vous ne savez pas ce qu’est un pulsar ? Lisez ce livre, on vous explique avec des mots, des images simples.Tout en vous racontant une histoire, il est capable de vous faire un cours de physique, ce qui est extraordinaire.
La lutte pour la vie.
Mais ce livre n’est pas seulement un cours de physique car c’est véritablement une histoire où les hommes sont désespérés et cherchent une issue pour survivre. Et il n’agit pas seulement des hommes mais aussi de la vie organique contre la menace des mécas. Car là se déroule véritablement la lutte. Qui sera capable de survivre à l’autre ? Autant la vie est capable d’apparaître spontanément dans des viviers chimiques, autant leur évolution est parfois lente et peut être stoppée alors qu’elle n’est qu’à son stade d’embryon par les mécas, qui ont le temps avec eux. Tout se situe dans ce déséquilibre des forces.
L’humanité retranscrite.
On peut être physicien et psychologue.
Benford
est capable de cerner et décrire des personnages d’une humanité comme personne. Non pas des héros, mais monsieur tout le monde, ou presque. Car dans cette fresque, l’auteur s’attache aux personnes et , dans leurs qualité mais aussi leurs défauts, noyés dans cette course contre la montre, mais aussi face aux événements telle que l'évolution des mœurs, de la société et la technologie. Cette humanité caractéristique de cet homme d’origine britannique, est véritablement réaliste, sans tomber dans les clichés.Benford
écrit avec justesse, et magnifiquement bien.En bref, encore une fois, un magnifique roman sur l’homme, dans un contexte scientifique, au pied du mur.
Extraits :
« Nigel n’avait pas oublié la remarque de Mark Twain : ce qui est merveilleux dans la science, c’est le bénéfice spéculatif énorme que l’on pouvait retirer à partir d’un fait insignifiant . »
« Ces rêveurs organiques étaient voués à un destin tragique. L’évolution fonctionnait impitoyablement selon un cycle immuable : naissance, reproduction et mort. Chaque forme vivante devait lasiier la place à ses enfants ; sinon le poids du passé aurait créé des entraves de plus en plus paralysantes à toute mutation. Le changement serait devenu impossible. C’est pourquoi la mort était inscrite dans le code génétique. L’équité indifférente de l’évolution sélectionnait par la mort comme la vie. »
« Là - au milieu de l’ouragan déchaîné – Nigel peut voir les points bleus qui jouent le rôle fondamental de catalyseurs : des noyaux de carbone, planant comme des oiseaux de mer dans la rafale.
Ici et là, des éclairs de phosphores balisent son chemin. Il progresse en nageant dans le flamboiement bleu et blanc à travers les cyclones épais des ions en train de se mélanger. Leur torrent tourbillonne et hurle tout contre la carapace de Nigel qui, par ses ondes sensorielles, peut voir, sentir et goûter les paquets paresseux d’azote lorsqu’ils rencontrent un nouveau proton ; ils se collent les uns aux autres dans un bruit mat de fusion, oscillent comme des gouttes d’eau – roulant ensemble -, se fondent et se gonflent pour donner un nouveau noyau, encore plus lourd, d’oxygène ? »