« Toby regardait son père en train d’arpenter la coque.
Killeen offrait l’aspect d’une silhouette argentée à la combinaison réglée de manière à refléter le plus de rayonnement possible. Un homme-miroir. La lumière fluide glissait sur lui tandis qu’il avançait, elle miroitait avec la phosphorescence des étoiles ou d’un gaz. Toby suivait sa progression à grand pas sous la forme d’une distorsion ondoyante contre le fond stellaire majestueux… »
L’histoire :
A bord de l’Argo, Killeen et la Famille LeFou ont décollé de la planète des myriapodes, dont Quath est une des représentantes et fait partie de l’expédition. Leur destination : le centre galactique, où leur destin les conduits inexorablement, du moins c’est ce qu’ils croient… Le centre galactique où la concentration de mécas est la plus importante et où se trouve un énorme trou noir, est peut-être le lieu où les derniers embryons humains et organique ont une chance de survivre, mais c’est un endroit où les distorsion de l’espace temps risquent de leur réserver des surprises…
Un regain de psychologie.
A mesure que l’expédition se rapproche du centre de la galaxie, le style narratif de l’auteur évolue également. Autant dans les deux précédents volumes, l’action avait pris le pas sur la réflexion quant au destin des hommes dans l’univers, le style était plus épuré, ici l’auteur se plait à nous refaire rêver avec un style plus poétique parfois, plus proche de celui des deux premiers tomes et les aventures de Nigel Walmsey sur terre et dans les profondeurs de l’espace. Ce roman est plus prospectif.
Un conseil : ne pas lire la préface de Klein, qui décidément dévoile trop de choses et gâche vraiment certaines surprises de ce roman, notamment sur les quelques dernières pages
A la pointe de la science.
Benford
continue son travail de professeur de physique pendant l'écriture de son cycle, comme il le raconte dans sa postface, il surfe sur les vagues des dernières données scientifiques et expose même ses propres théories pour, par exemple décrire les conditions aux abords du trou noir. C’est exposé suffisamment clairement pour que la pilule passe relativement facilement pour des non-initiés. J’ai retrouvé la magie scientifiques des premiers romans.Le voyage continue.
Ce roman permet d’approfondir la psychologie des personnages principaux, notamment du fils de Killeen, dont le rôle ne paraissait pas ce dont il avait conscience.
On explore aussi des univers plus différents dès lors que les données scientifiques actuelles sont insuffisantes. Et j’ai retrouvé un peu de l’Eon de Bear dans la dernière partie du roman.
Enfin, des entités mécas plus proches des IA de la Culture de Banks font leur apparition, plus hautes, plus importantes et plus implacables que jamais.
Encore un roman de haute volée. Merci Monsieur
Benford
.Extraits :
« Son corps est un trésor de conceptions du passé, libérées de toute pesanteur et de tout souvenir des planètes. L’évolution, qu’elle soit organique, métallique ou plasmatique, est indépendante de son substrat. Sa conception suit des principes abstraits d’ingénierie à présent ancrés dans la routine/. La fonction converge vers la forme. Arceaux tubulaires de tensions invisibles, nervures comme des professions de foi. »
« Pendant qu’ils parlaient, le ventre enflé avait éclaté. Il en sortait à présent des effilochures chauffées à blanc. Le soleil torturé avait fini par se déchiqueter. Les gaz en éruption s’éloignaient en tournoyant de la couronne déchirée, puis se perdaient à la périphérie rougeoyante du grand disque. Tandis que la perspective s’élargissait, Toby vit dans l’étoile un animal blessé, pris au piège en train de se débattre inutilement et de se vider de sa vie. Des morceaux de sa substance étaient aspirés par le disque, nourrissant de nouvelles explosion orangées. »
« Des fleurs ardentes surgissent de la surface du disque. Elles s’épanouissent et crachent leurs graines de plasma au-dessus du lent tourbillon spiralant.
Des langues de feu éclatantes dardent ; les positrons fourmillent, agressifs, annihilant tout ce qu’ils touchent.
Ils se dissolvent au contact de la matière dense qui vient à leur rencontre. L’antimatière se répand, s’étale et meurt. Une explosion de radiations gamma pénétrantes, d’une pureté aseptisante. »