De par sa structure d'abord, assez originale. En effet, le livre est surtout constitué de lettres et de rapports, entrecroisés de ce qui semble être des fragments de l'autobiographie de l'ET.
Point de narrateur omnisicient, mais juste des témoignages de la proie et du prédateur.
Accusé de tous les crimes, à l'instar du Fantomas originel, ses écrits biographiques ne laissent rien présager de tel, mais où peut bien être la vérité, dans cette société ultra-stalinienne ?
Jorian apparait surtout comme un être étrange, protéiforme, dont la persécution évoque plus celle des Slans que d'un méchant Petit Gris (Jimmy Guieu) venu nous coloniser notre belle planète bleue.
Ilot de raison dans ce monde de déraison absolu, où l'onirisme le dispute au délire, on ne sait plus vraiment qui traque qui et pourquoi.
L'histoire peut vous paraitre confuse, mais il n'en est rien, et la fin est absolument magnifique.
Quant au style, on voit que
Volodine
était membre de Limite.L'écriture est admirablement ciselée, poétique et diablement entrainante. Car le moins que l'on puisse dire, c'est que nous ne sommes surtout pas dans une oeuvre contemplative, tant l'action et les rebondissements abondent.
A mi-chemin entre la sf et la littérature générale, ovni difficilement identifiable et totalement inclassable, oeuvre exigeante qui s'adresse plus au coeur et à l'inconscient qu'à la raison, cette lecture reste une experience à tenter.
Certains resteront sur le quai, mais les autres ne regretteront pas le voyage. Le tout étant d'essayer, au moins pour se faire un avis, si le coeur vous en dit, histoire de tenter autre chose.