Original, déroutant et déconcertant.
Voilà comment résumer rapidement ce livre.
L'URSS (en particulier la région de Petrograd) est transformée en forêt tropicale. Il parait que c'est la vengeance des sorciers, qui n'ont pas vraiment apprécié d'être fusillés (ce qui peut se comprendre). C'est dans ce décor -dont la moiteur n'est pas sans évoquer Le monde englouti de Ballard- que se déroulent une multitude d'intrigues, et où vont donc se croiser de nombreux personnages.
A commencer par une tortue philosophe, et un flic agonisant. Tandis que semblent se rejouer les combats révolutionnaires qui virent s'affronter les bolcheviks et les anarchistes (en particulier Kronstadt et la Makhnovchtchina). La Tchéka de Dzerjinski (le Béria de l'époque) fait tout pour éradiquer l'anarchisme mais aussi les magiciens qui contestent le monopole d'Etat de la magie, et les stigmatise comme adversaires de la révolution pour pouvoir les fusiller. Sans parler de cet étrange désert peuplé de chameau, qui n'est pas sans évoquer métaphoriquement la guerre d'Afghanistan (le roman fut publié en 1986), ni de ces étranges personnages qui prétendent avoir construit une terre promise en Finlande (on pense aux insurgés qui ont réussi à fuir le bain de sang de l'écrasement du soviet de Kronstadt).
Inutile de tenter de résumer cet ouvrage foisonnant, pronfondément étrange, poétique et fascinant. Le mieux est encore de tenter la lecture, en se laissant porter par l'écriture, sans trop chercher à comprendre quoi que ce soit dans cet océan de nonsense.
A écouter en MP3 : La makhnovchtchina par René Binamé.
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