Berthelot
nous raconte la difficile et progressive entrée d'un enfant dans l'âge adulte, par sa prise de conscience du mensonge des adultes, qui ne sont pas vraiment ce qu'ils paraissent.L'enfant part en quête de cette vérité que nous avons dès le début à peu près devinée.
Mais l'important ici est d'assister en spectateur à cette enquête, et de voir ce qu'elle apprend à cet enfant.
Le secret a son origine pendant l'occupation allemande, mais il ne s'agit pas d'un ouvrage sur l'horreur nazie ou le racisme etc. Ce contexte n'est qu'un prétexte qui se prête bien à cette idée du poids du passé, du secret et de la culpabilité.
L'enfant ne fera qu'approcher cette vérité puisqu’elle n'existe pas, et chacun va lui raconter la sienne.
Ainsi, il prend connaissance de quatre versions :
• La version d’une « spectatrice » plutôt neutre et indulgente.
• La version d’une martyre
• La version de la femme à l’amour coupable
• La version du bourreau
Chaque version est différente, puisque subjective, la "vérité" est appréhendée selon ce que le narrateur en sait, ce qu’il en a vu et ce qu’il en a vécu.
Il apprend le flou entre le bien et le mal, l’inconsistance de la vérité et la difficulté à juger les gens et les faits. Chaque personnage du roman a son côté sombre et haïssable et son côté émouvant.
Les personnages forts de ce roman sont essentiellement des femmes (les mères) et des enfants, et le soldat allemand.
Trois enfants :
• Olivier le personnage principal, fils de celle qui a sympathisé et couché avec l'ennemi et qui continue a subir la haine et les rancoeurs des autres.
• Muriel qui est l'enfant qui a ravivé les douleurs de la torture en naissant et pour laquelle sa mère n'arrivera jamais à avoir de tendresse.
• Laurent à qui sa mère a transmis sa haine et les rancoeurs du passé.
On a, à priori, une histoire plutôt austère mais souvent allégorique et écrite dans un style si agréable à lire et avec une telle sensibilité, que l’auteur nous fait aimer ces personnages déchirés, meurtris par des événements qui les dépassent, au point de ne pouvoir s’en libérer et d’en transmettre le fardeau à leurs enfants.
Que faire du « poids de l’histoire ? »