Pennbaker est porion, un gardien de mine et de mineurs. Car le monde a repris l’exploitation des mines de charbons après l’épuisement des puits de pétrole. Et le monde va de mal en pis. Avec l’exploitation de ces mines, la pollution bat son plein, les villes sont couvertes de cette brume grise, l’eau pure est devenue denrée rare et il ne reste que de l’eau jaunâtre pour boire et se laver. Le monde est gris, le monde est noir. Dans les villes où le froid est mordant, et dans les galeries où la respiration est difficile. D’autant plus que Penbaker a un secret qui vient le hanter jusque dans ses rêves : il a vu la mort de près et elle le poursuit jusqu’au plus profondes mines…
Un monde noir.
Avec la même écriture que dans la lumière des morts,
Di Rollo
s’applique à nous décrire un univers de cauchemars, un monde souffrant où la pollution galopante vient s’insinuer jusque dans les pores de la peau, où l’espérance d’une vie meilleure ne subsiste que dans des îlots bien isolés. Un monde de crasse et d’inégalités sociales où l’homme est capable de s’humilier à lécher un plateau pour tenter de retrouver un peu d’humanité. La colère gronde, mais rien ni personne ne peut garder et conserver cette humanité. L’humanité est écorchée vive.Alors vient la folie.
Ne reste donc qu’à se soumettre. Le monde est fou ? Alors devenons fous également. La mort appelle la mort et le noir ne renferme rien d’autre que le néant. Car il faut le souligner, il n’y a pas de justification à tout cela. L’auteur ne prend pas la peine de donner d’explication. Et c’est pour cela que l’abîme de folie dans lequel le personnage s’enfonce n’a aucune explication. J’ai retrouvé un peu du chef-d’œuvre qu’est fight club.
Un style incomparable.
A l’instar de la lumière des morts, la profondeur des tombes est écrit avec une noirceur incroyable, avec un style de l’enfer, collant parfaitement au monde dans lequel on est plongé. J’ai trouvé intéressant que le texte soit au présent avec de nombreux flashbacks, car il donne au texte une authenticité à la manière d’un reportage sur un homme écœuré par la vie, une plongée en apnée sans espoir de revenir à la surface pour prendre une bouffée d’air. Non, pas de pause, aller plus loin, toujours plus loin. Une scène dans un bar est tout à fait exceptionnelle et hallucinante.
En somme, un excellent roman dont on ne sort pas indemne.
" Cette couleur qui est désormais ma vie. Sous le bleu glacé de la veille de l’élévateur qui stoppe sa remontée en grinçant. La plainte du métal m’arrache à Taney et à son lac aux poissons, aux deux collines retenant les maisons tranquilles, à la petite Debbie espiègle de mes jeunes années ; à la tombe de ma mère. "
" Whitmore se tait, continuant de me fixer de tout son mépris. Puis souffle, dépité :
" Monde de merde ! à qui je dois la mort de mes parents, à cause d’une saleté de pilule. " "
" J’ai mal, j’ai toujours mal. Les lueurs de la station se détachent brusquement de l’obscurité. Je plonge la main dans la poche du manteau. Le Royster m’est fidèle. "
Liens:
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