Là, je déambulais parmis les allées de CD, de VHS et de CDV, et bien sûr : de livres.
Mon genre de prédilection c'était la SF.
Me voilà donc un samedi d'hiver, ou était-ce le printemps ? et je me rends chez ce disquaire-libraire-hifi-vidéo-jeux-babioles très célèbre au centre commercial. Je sais que je vais acheter un ou deux, ou bien troix bouquins parce que j'adore ça. Ensuite j'irai boire un café, je commencerai de lire en laissant refroidir la moitié de ma tasse que je mettrai deux heures à consommer. Je fumerai sans doute, non c'est sûr, parce que dans ce rétrofutur on peut le faire au café; partout.
Mais pour l'instant je me dirige vers le rayon SF. Je prends soin d'éviter l'héroic fantasy qui n'est pas trop ma tasse de thé (je reste au kawa), et je toise les premières de couv', souvent attiré par une bonne intuition par l'illustration. Les bouquins de poche c'est chouette.
J'arrive près d'une table avec des livres en présentation et une curieuse idée me traverse l'esprit : Et si je trouvais un livre qui fût édité à ma naissance ? qu'est-ce que c'est que cette drôle d'idée ? c'est saugrenu !
M'enfin je m'accroche à cette idée, ou est-ce elle qui me colle au cerveau.
Intuitivement je regarde sous la table de présentation, il y a aussi des livres à découvrir. Je m'accroupis.
Immédiatement je repère cette couverture dans le ton rose, mauve, un peu psyché comme truc, ça ne me parait pas plus sérieux que ça, et malgré cela mon coeur s'emballe, et dans mon esprit une idée, toujours la même, martèle et martèle encore : date de naissance, date anniversaire, date de ma venue au monde !
Il est entre mes mains maintenant. Je le sens (ah ! l'odeur du papier d'imprimerie !). Je le pèse, le tourne, le scrute de l'oeil expert du lecteur de SF. Je lis le résumé en quatrième de couverture, le même que j'ai reporté en dessous là. Voilà.
Enfin je me lance. Comme à mon habitude, je prends des pages au hasard, il faut qu'à la volée le style me capte l'attention, me séduise, m'embarque ailleurs.
Tac : je suis dans une chambre d'hôtel. Ancienne. Des effluves de parfums inconnus circulent discrètement dans l'air de cette chambre. Je me lève du lit, j'approche de la fenêtre et je regarde au-dehors. Là-bas, non loin, la mer. Et plus près, en-dessous, des gens en costume d'époque... mais qu'est-ce que...? une musique ennivrante tourbillonne dans mes pensées, le genre musique classique, emportée, lyrique et tourmentée, je tourne une page, je lis un nom : Gustav Malher. Il y a aussi une belle comédienne qui marche sur la plage, seule. Elle pleure. Soudain un souffle. Je pivote, sur le lit un autre homme que moi : Richard.
Tout à coup je cligne des yeux. Tout autour des gens, les néons; le magasin. Je ferme le bouquin. Je décide de le prendre. Je me lève pour continuer ma prospection avant d'aller au café. Ah ! la date ! L'achevé d'imprimer non. La date de première édition non... une préface : elle est du frère du narrateur, tiens. Ah ok, j'y suis. Elle est daté de juillet 1974. Elle m'appelait. Que dis-je? tout le livre m'appelait. J'y suis allé, puis je suis revenu. Plus tard j'y envoyai celle qui partage ma vie. Elle revint bouleversée également.
Je ne saurais que vous conseiller de lire ce roman captivant de Richard
Matheson
. Pour moi une variation sur l'amour, la mort et le temps, tout à fait unique. Un bijou.PS : je viens de réaliser que j'aurai bientôt l'âge de Richard quand il partit rejoindre Elise. Comme le temps file ! Pas de temps à perdre; tout à gagner dans son exploration.