MATHESON
à travers ses nouvelles. D’ailleurs, lecteur, je t’en prie, appelle le MONSIEURMATHESON
car il le mérite amplement.Oh je sais bien que depuis longtemps déjà il est relégué au fond d’un carton au grenier, ou pire, que lassé par ses quelques romans autant critiqués qu’encensés (Je suis une légende, L’homme qui rétrécit…) tu as banni cet auteur de ton univers science fictionnel : des vieilleries dis-tu alors que tu as tant à lire !
Je t’en conjure lecteur prends le temps, si tu ne veux pas investir dans ce recueil, de relire par ci par là les nouvelles qui hantent les anthologies. Ce sont des délicatesses à déguster lentement (une de temps en temps) pour mieux s’apercevoir de leur puissance évocatrice, pour qu’elles te hantent jusqu’à ce que tu éprouves le besoin irrésistible de les relire puis d'en découvrir d'autres, comme des sucreries auxquelles tu as pris goût et que tu t'offres pour le plaisir.
Comment me diras tu, pas d’univers extraordinaires ? pas de sciences anticipatrices ? pas ou peu d’ET non plus, ni même de super humains mais alors... quel intérêt ?
La plongée se fait ailleurs, à travers des thèmes plus fondamentaux plus intimistes plus pervers aussi… Elle se fait grâce à une maîtrise parfaite du langage, par un style concis, simple mais efficace et intelligent.
N’aies pas peur d’être lassé : Monsieur
MATHESON
sait varier les plaisirs : voici une bande sonore (Derrière l’écran) ; voici un échange de correspondances (Une petite annonce) un récit à la 2e personne du singulier (Quand le veilleur s’endort) un journal intime (Le Journal d’un monstre). Tu veux un récit de guerre effroyable et poétique à la fois : La guerre des sorcières. Veux tu découvrir sous un autre jour les objets du quotidien : lis "Appel longue distance" ou "l’Habit fait l’Homme" . Et MonsieurMATHESON
s’autorise même un clin d’œil personnel dans "Avis à la population"… Encore ? Que ferais- tu lecteur "Le dernier Jour" ? Comme parent qui choisirais- tu ? le mari de Ruth de Tina a disparu ou le docteur Dearfield de Lazare II ?A chaque nouvelle, le lecteur est projeté dans un univers qu’il lui semble connaître mais où la loi rationnelle s’efface peu à peu : insidieusement, sa perspective bascule, son monde vacille. Qu'importe alors les quelques maladresses scientifiques de l'auteur. Le quotidien ne sera plus le même car derrière les mots de Monsieur
MATHESON
, se dissimulent les angoisses les plus profondes : celle de la solitude, celle de la vulnérabilité, celle enfin du néant qui guette l’Homme… et l'auteur va non seulement exploiter ces failles mais surtout les explorer sous toutes leurs facettes.Car finalement, le monde le plus étrange, le monde le plus merveilleux, fantastique, n’est ce pas l’esprit humain ?
Pour finir, certes, ne t’attend pas lecteur à éclater de rire sinon nerveusement. Même si Monsieur
Matheson
sait également parsemer ses textes de touches d’humour et de poésie pure !Que puis je rajouter encore lecteur pour te convaincre ? Je sais : je vais laisser la parole à Monsieur
MATHESON
pour qu'il t'explique ce qu’il est réellement : « le seul terme que j’ai jamais accepté pour me décrire est celui de raconteur d’histoires »et là moi, je dis chapeau bas…
Voilà lecteur, le message que je voulais t’adresser dans cette première chronique car je l’espère, un autre fantôme viendra une autre nuit qui prendra possession de mon esprit pour …
NOTA : Cette chronique n'aurait pu voir le jour sans l''amitié et les conseils avisés de notre Monsieur LACROUTE - encore merci ...