Andrevon
créé un univers de rêve. La vie est paisible à Gandahar, sous le règne de l’affable Myrne Ambisextra. Les fruits y ont une taille démesurée et sont disponibles pour toute faim. Des fontaines coulent des boissons rafraichissantes, parfois fortement alcoolisées. Les machines, tels les ascenseurs, sont fréquemment en panne, et personne ne se préoccupe de les remettre en état. Des insectes rendus gigantesques par des mutations contrôlées servent de véhicules en remplacement des machines détériorées par le passage du temps. Les jours passent agréablement, paisiblement.La menace surgit rapidement, sur un territoire riche et impréparé. Une menace dont l’origine lointaine est pourtant née au cœur même des laboratoires de Gandahar. Les anciennes expériences ont donné naissance à des hommes mutants (hommes-tortues, hommes-oiseaux, …) qui ont été rejetés aux marges du royaume, Gandahariens, mais isolés de l’heureux peuple de Gandahar. Le Métamorphe a été le fruit d’une de ces expériences. Plus isolé que les autres, plus seul, et plus durable, avec le temps, Il en est venu, dans son futur, à créer une armée d’hommes-machines qu’il a lancé à l’assaut du temps et de Gandahar dans son âge le plus insoucieux.
Les premières images du roman, la description du monde champêtre de Gandahar ressemblent à des tableaux de Fragonard, des jeunes gens dans des buissons, des discussions dans l’herbe, le vol d’un papillon. L’univers ‘science-fantasy’ du roman fait penser à Gene Wolfe avec L'ombre du bourreau, bien que tout soit beaucoup plus simple et épuré (un dessin au trait fin et précis) et moins cruel. La scène de la bataille dans la plaine de la Valderboise n’est pas sans évoquer celle de Waterloo dans La chartreuse de Parme de Stendhal, Sylvin Lanvère s’y confondant avec Fabrice del Dongo.
Les hommes-machines contre Gandahar a beaucoup de similitudes avec Le temps des grandes chasses du même auteur. La différence est dans l’innocence, dans la douceur (un peu dolente, un peu décadente) du royaume de Gandahar. On n’entend pas le fracas des armes, le jeune chevalier qui est le personnage central du roman est protégé de l’importance de la menace des hommes-machines par son innocence même. Jean-Pierre
Andrevon
a écrit là un conte subtile, doux et apaisant, qui captive.Les Hommes-machines contre Gandahar a été adapté en film d'animation par René Laloux et Philippe Caza.