Shepard
publié en France, Le chasseur de jaguar comporte déja de nombreux motifs récurrents de son oeuvre.Comme décors, la jungle, cet inconnu vert qui brouille les repères de l'homme civilisé, ou la bourgade côtière, à la fois fière et esclave de son folklore.
Comme personnages, des gens humbles, à qui un quotidien médiocre a su faire oublier de grandes aspirations.
Comme moteurs de l'intrigue, la magie, le chamanisme, la résurgence de forces ancestrales.
Ce recueil regroupe cinq nouvelles :
Le chasseur de jaguar : pour rembourser une dette, un modeste agriculteur centraméricain est contraint de chasser un jaguar noir, un animal que la légende dit fils de la lune. Cette dangereuse mission l'éloignera d'une vie conjugale frustrante et le rapprochera de ses racines indiennes.
Un récit initiatique de facture classique.
L'homme qui peignit le dragon Griaule : toute une région vit sous l’emprise des pensées délétères d’un immense dragon réduit à l’immobilité par un ancien sortilège. Au fil du temps, la végétation a envahi son corps de la taille d’une grande colline et un village réside en son sommet. La bête majestueuse a résisté à toutes les tentatives visant à l’éteindre quand un jeune étranger propose une méthode pour le moins étonnante : le peindre à l’aide de pigments toxiques… sans négliger l’aspect esthétique de la chose.
Une idée originale, un cadre extraordinaire et une narration où s’insèrent des extraits de lettres de différents témoins de l’histoire font de ce récit mélancolique un beau moment de lecture.
Salvador : de jeunes soldats américains vivent l’enfer de la guerre au Salvador. Stimulés par une drogue expérimentale, ils agissent en véritables machines de guerre ; mais lorsqu’un étrange brouillard monte de la vallée et menace leurs âmes, qu’est-ce qui pourra les sauver ?
Une courte nouvelle à l’atmosphère étouffante.
Comment chuchote et crie le vent à Madaket : un écrivain se retire dans un village de Nouvelle-Angleterre où le vent semble doué d’une volonté propre. Pour son malheur, cette mystérieuse entité, capable des pires déchaînements de violence, semble particulièrement intéressé par sa personne…
Dans cette longue nouvelle, qui rappelle assez les histoires d’horreur de Stephen King ,
Shepard
semble s’accorder aux rythmes capricieux de son vent meurtrier ; et il le fait avec un plaisir communicatif.Corail noir : dans un port des Caraïbes, un vétéran du Vietnam devra faire face aux démons locaux après avoir gouté au corail noir.
Amha, la nouvelle la plus faible du recueil : le dénouement a un air de déjà-vu et certains dialogues en "petit nègre" ont gêné ma lecture.
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A mon sens plus inégal que Thanatopolis, Le chasseur de jaguar n’en contient pas moins quelques perles et mérite d’être lu pour découvrir, ou redécouvrir, Lucius