Le guin
se penche sur le cas de la société anarchiste et tente de rendre sa longévité vraisemblable sur une planète isolée. Pour la comprendre et appréhender la mentalité des anars, il faut plus de la moitié du livre. On vit l'enfance de Shevek, ses études, sa carrière, ses amours. Un chapitre sur deux parle donc du passé du héros pendant que l'autre moitié des chapitres parle de son présent sur Urras et de ses rapports avec ce monde qui ressemble à s'y méprendre au notre ( l'appât du gain et le besoin de pouvoir y sont partout ) ( c'est long, et je ne raffole de cette méthode, un chapitre sur deux, qui n'arrange rien ).A partir du chapitre 9 ( après 250 pages tout de même ) L'histoire décolle. Le héros sort de sa lethargie et agit enfin. la confrontation des deux mondes est très bien vu, on s'attache à Shevek, il vit des moments intenses ( et nous aussi ), il prend des décisions humaines et refléchies, c'est un vrai anar.
Ce livre renferme quelques belles reflexions ( l' éducation des enfants, l'anarchie, le pouvoir, la mysoginie, l'hypocrisie de toutes les sociétés, la révélation du chercheur qui découvre et qui crée, l'isolement et la peur de l'autre....J'en oublie sûrement )
Ursula
Le Guin
a beaucoup de talent, et a sans doute beaucoup pensé à ce livre qu'elle nomme une "utopie ambigüe".On a forcément envie qu'elle approfondisse plus certains aspects du roman, notamment la société Thu, régime totalitaire à la soviétique, les hainiens et leur lourd passé, les malheureux terriens ...
Je me suis aussi demandé pourquoi elle avait placé les anars sur une planète où les conditions de survie sont si difficiles : sans doute parce que l'abondance empêcherait à long terme la solidarité de fonctionner... L'hypocrisie de la société anar est latente dans beaucoup d'évenements de la vie de Shevek : triste humanité, qui ne peut s'empêcher d'"égotiser".
Il y a encore mille questions que posent ce livre et c'est forcément le signe d'une oeuvre de qualité.
Il y a eu des prix pour ce livre, mais on s'en fout, non?