Les nomades de la planète les nomment les Hors Venus et les considèrent comme des inférieurs. Est venu pour eux la saison de l’installation dans les villes d’hiver, le moment de la sudaison, quand les peuplades du Nord migrent loin vers le Sud, vivant sur les terres qu’ils traversent.
En cette fin d'automne cependant, les pratiques des Gaals semblent s’être modifiées. Selon les Hors Venus, ils ne se déplacent pas en hordes dispersées, mais en une seule et formidable masse dont l’arrière-garde est une armée irrésistible qui prend les villes d’hiver en descendant vers le Sud, le long de la côte, réduit les femmes en esclavage, installe des garnisons dans les cités prises.
Jacob Agat, membre du conseil des dix qui dirige la ville des Hors Venus, Landin, rend visite au vieux chef de clan Wold. Il lui délivre les informations sur les Gaals et lui propose une alliance afin de détourner de la côte la course des Gaals. Prenant prétexte des relations entre Agat et une de leurs femmes, le clan de Wold se divise, le jeune homme est attaqué, le pacte rompu.
Avec la première neige arrive l’avant-garde des Gaals. La plaine est couverte par leur nombre, Tevar la ville d’hiver des Hilfes, proche de Landin, est attaquée, sa porte défoncée, ses rues envahies. Les hommes de Landin s’engagent dans une guérilla et durant trois jours harcèlent les Gaals afin de les engager à s’attarder le moins possible aux abords de leur ville. Ils lancent une incursion sur Tevar et ramènent avec eux sous la protection de leurs murailles quelques centaines d’hilfes, dont Wold.
Bientôt, les Gaals mettront le siège devant Landin. Les femmes, les enfants et les vieillards sont envoyés sur le Roc, forteresse entourée des flots, imprenable, disposant de vivres en suffisance pour la saison d’hiver qui s’annonce. Les Gaals attaquent, l’hiver – neige, blizzard, goules des neiges – se déchaîne.
Ursula
Le Guin
instille a son roman une marche au cours inéluctable : avec talent, par touches répétées, par les particularités de ses personnages (le vieux Wold seul a avoir connu l’hiver précédent avec la vieille autreterrienne Alla Pasfale ; la jeune Rolerie, seule hilfe à être née hors saison, ...). La lente déchéance démographique des hommes de la Ligue (avortements spontanés, enfants morts-nés) fait écho à la disparition de l’été et à la venue de l’hiver. Comme il lui arrive UrsulaLe Guin
livre une intrigue linéaire, à l’issue évidente, aux événements simples. Et parvient à transcender son texte. Tout est écrit dès le départ, mais loin d’être un roman désespéré, ou fataliste, Planète d’exil est au contraire un hymne à la tolérance, au pardon, à l’amour et à l’espoir.- Qu’est-ce que c’est qu’une hilfe ?
- C’est ce que tu es dans notre langage.
- Et qu’êtes-vous dans ce langage ?
- Des hommes.
Difficile de passer à un autre auteur après la lecture d’Ursula