King
s’aventure rarement sur les terres de la science-fiction, lui préférant celles du fantastique qui ont fait sa renommée de par le monde, mais quand il lui arrive d’arpenter de tels territoires, ses inspirations premières refont surface assez vite. Ainsi, Les Tommyknockers rappelle-t-il ces films de science-fiction des années cinquante qui ont bercé son enfance ; cinéma voué à l’époque à la distraction pure et simple, les productions du genre se distinguaient assez peu de l’horreur et de l’épouvante tels qu’on les percevait en ce temps-là : à travers des mises en garde vite devenues bien convenues sur les divers dangers de la science, et l’atomique en particulier, ou bien l’exploitation des angoisses de l’époque envers le communisme, les films de science-fiction de cette période semblaient tous vouloir susciter la terreur.Ainsi Les Tommyknockers s’articule-t-il autour du thème pour le moins classique de l’invasion de la Terre par des extraterrestres qui feront d’ailleurs leurs premières victimes chez les habitants du petit village local. Que leur vaisseau spatial soit enterré depuis des siècles, si ce n’est des millénaires, et que leur emprise sur les humains prenne d’abord l’allure d’une manipulation de leurs esprits, ces divers éléments évoquent bien sûr une des influences majeures que connut Stephen
King
comme d’ailleurs la plupart des autres auteurs de fantastique : Howard Philips Lovecraft. Nul besoin d’y regarder de bien près pour entrevoir chez ces êtres maléfiques venus d’ailleurs, disposant de pouvoirs terrifiants et dissimulés aux yeux de tous depuis des temps immémoriaux, un énième avatar de Cthulhu et de ses sbires (1).Le reste du récit, par contre, soit l’écrasante majorité de celui-ci à vrai dire, reste typique de Stephen
King
, à la fois dans le crescendo de l’horreur comme dans le portrait d’une certaine Amérique rurale, encore qu’elle se trouve ici dépeinte de manière assez sobre au contraire de certaines productions précédentes de l’auteur – comme Dead Zone (1979), Cujo (1981) ou Simetierre (1983) par exemple. Dans cette vue en coupe des États-Unis des années 80, l’œuvre de StephenKing
trouve une grande partie de sa spécificité et de son intérêt, c’est-à-dire de son importance dans ce qu’elle affiche ce qui la place à part des productions des confrères de l’auteur à l’époque : un témoignage de certains des mœurs de son temps. Bref, un roman tout à fait intéressant mais aussi, hélas, un des derniers de ce calibre de la part de cet auteur…(1) l’auteur, cependant, aurait cité dans son essai Écriture : Mémoires d’un métier (2000) la nouvelle La Couleur tombée du ciel, qui ne fait pas partie du Mythe de Cthulhu à ma connaissance, comme une de ses principales inspirations derrière ce roman.
Adaptation :
En un téléfilm en deux parties, réalisé par John Power et sorti sous le même titre en 1993.