King
! Comme beaucoup, je me suis contenté du film et ma curiosité intellectuelle s'est satisfaite de ce vulgaire compromis. Et quelle erreur ! C'est un bouquin hallucinant. 500 pages d'un récit qui se dévore comme la folie dévore le héros Jack Torrance atteint du "mal des blédards".Torrance est un ancien prof tombé dans une déchéance d'alcoolique. Il dépose depuis des années, sur un manuscrit de pièce de théâtre, toute sa médiocrité et un labeur inutile d'écrivaillon raté. Ses penchants pour la boisson -et la violence envers son fils (celui-ci fait tomber de la bière sur les feuillets de LA PIÈCE et se fait casser le bras par un père fou de haine) et sa femme Winnifred dit "Wendy"- font craindre le pire.
Le divorce n'est pas loin car Jack a perdu son boulot d'enseignant. Normal lorsqu'on frappe un étudiant qui vous a crevé les pneus. La solution ou le retardement de l'échéance du couple est le repli dans les montagnes. Un ami lui fourni un emploi de gardiennage d'hiver dans l'hôtel Overlook, palace de 110 chambres.
Le cuisinier révèle à Danny qu'il possède le Don. Le gamin de cinq ans a des visions d'avenir. Viens ici petit merdeux. Ce séjour forcé lui fait peur. Où te caches-tu petit merdeux ? Son compagnon invisible Tony le met en garde. Jack est ravi de cette solitude. Il va pouvoir enfin se consacrer à LA PIÈCE de toute son âme.
Danny ressent de plus en plus l'oppression des lieux. Il faut dire aussi que le précédent gardien a pété les plombs. Ses deux filles furent massacrées à la hache et il tira sur sa femme avec un fusil de chasse avant de retourner l'arme sur lui. Tu vas recevoir ta raclée, sale garnement.
Danny possède donc le shining, le pouvoir de ressusciter les choses et les évènements passés. Les incidents maléfiques tapis dans l'hôtel vont se réveiller et entraîner Torrance dans une satanée spirale. Pour Wendy, cette retraite forcée est l'occasion de sauver son foyer en péril.
Hélas les mauvaises manies de Jack, insidieuses, menaçantes et paranos vont percer la carapace déjà ébranlée de l'écrivain. Wendy est sous la coupe d'une mère agressive et aigrie tandis que Jack se remémore une enfance rythmée de brutalités d'un père alcoolique et d'une mère déconnectée de la réalité. Un frère sera tué au Vietnam.
Jack commence à entrevoir son père dans des délires psychotiques ; la haine se distille dans tous les pores de Jack. Son cerveau s'embrume de paranoïa destructrice.
Le mal est là.
La fin est purement hallucinante. Au final, pas grand chose à voir avec l'adaptation de Kubrick ! Pas de scène de hache mais un autre ustensile est utilisé pour les joutes hôtelières ! Le côté maléfique de l'emprise de l'hôtel sur Jack est nettement plus accentué dans le roman. Il ne faut pas oublier non plus un aspect primordial du roman : le rôle de la chaudière !
J'oubliais un parallèle important : la similitude du récit avec La Mort Rouge de Poe. Un extrait est cité en préface. Les couleurs sont importantes dans ce roman, ce sont des balises dans la folie destructrice de Torrance.