Dick
enfonce un peu plus le clou du mysticisme. Et pour poursuivre l'image, on sait qu'il finira par s'y crucifier. On ne peut pas dire de "Au bout du labyrinthe" qu'il s'agisse d'un des meilleursDick
... Certes, l'auteur est inégal, on le sait. Oui, dans chaque romanDick
ien, il y a des passages mémorables, des inventions délirantes. Celui-ci ne fait pas exception. Mais cependant, en fait de délire,Dick
n'est sans doute pas au mieux de sa forme. Il se questionne beaucoup dans ses années sur son écriture.Dick
veut faire autre chose. Cette interrogation lui avait permis d'écrire Ubik, sur lequel il jette pourtant un regard critique. Elle lui a fait commettre deux romans de moindre importance coup sur coup : "Message de Frolix-8" et "Au bout du labyrinthe".Comme l'annonce le quatrième de couverture, des scientifiques sont appelés en mission sur Delmak-O. Planète étrange, changeante, habité par des créatures organiques et/ou électroniques, où un batiment apparaît, disparaît et paraît engendrer des duplicatas miniatures de lui-même, Delmak-O est un monde bien
Dick
ien où vous ne savez pas si le sol va se dérober à chaque pas supplémentaire. Le groupe ne sait pas pourquoi il est là, et, qui plus est, il ne peut pas repartir. Sale situation, donc, d'autant que ce groupe n'est pas des plus soudés... Ce qui ne va rien arranger lorsque les membres vont disparaître un à un...Dressons un bilan mitigé :
- "Au bout du labyrinthe" convoque les thèmes
Dick
iens, tout comme Ubik le faisait. Mais avec nettement moins de brio. Je ne dis pas avec une médiocrité totale, n'exagérons pas !Dick
met cependant le doigt sur le versant religieux, par l'intermédiaire d'une religion "inventée", qui sent quand même le collage de religions bien réelles celles-ci. J'avoue avoir autant de mal avec les crises mystiques qu'avec les crises hystériques (qui peuvent se confondre d'ailleurs ;). L'idée de dieux quasiment prouvés scientifiquement, à qui l'on adresse des prières avec technologies appropriées a des côtés exotiques, mais aurait pu connaître un meilleur traitement. Il n'en reste pas moins que ce parti pris renforce beaucoup l'impression d'étrangeté qui règne sur la planète changeante qu'est Delmak-O.Et puis,
Dick
, finalement, va conclure de manière ambigue. Comme si, en matière de religion, il hésitait encore à s'y noyer complètement.- "Au bout du labyrinthe" dresse un monde qui par en morceaux. Et encore une fois,
Dick
nous emmène dans un cauchemar de plus en plus sombre. Bien moins réussi que Ubik, il n'en reste pas moins que j'ai lu le roman d'une traite, sans tenter de m'y soustraire. Il y a des pages apocalyptiques. Il y a des idées que je n'oublierais pas, comme ces coccinelles armées de caméras vidéos. Alors, non pas que le roman soit totalement raté, mais peut-être que, parce que c'estDick
, se sent-on le droit d'en demander beaucoup plus.- La fin me parait totalement artificielle. Certes, après coup, on revalorise tout le roman depuis le départ. On comprend mieux pourquoi ce monde était si bancal, pourquoi c'était un groupe de scientifiques, pourquoi il ne pouvait pas repartir... Mais la pirouette est un peu grossière... Cher
Dick
, en travaillant un peu plus, tu aurais presque pu tomber au niveau de "je me suis réveillé, ce n'était qu'un rêve...". Bon, j'exagère un max, mais... mais il y a aussi le coup de théâtre dans le coup de théâtre, la chute qui renverse la chute qui renversait le roman, et là, avec le mysticisme en sus, je dis non...Alors, jetterais-je ce livre à la poubelle... ??? Jamais de la vie...!!! Pourquoi :
- Parce que
Dick
est autant (voire plus) l'auteur d'une oeuvre complète que l'auteur d'un livre en particulier. Et que celui-ci est un jalon sur le cheminDick
ien.- Parce que ce roman recelle quelques bons moments, et qu'il garde une atmosphere