Sur Mars, un homme d'affaires (Arnie Kott) tente d'utiliser les dons de prescience d'un jeune autiste (Manfred Steiner) dans une sombre affaire de spéculation immobilière. Pour communiquer avec le jeune Steiner, Kott emploie les services d'un réparateur en tous genres (Jack Bohlen) lui même ancien schizophrène. Au risque d'altérer la réalité.
Mars :
Comme dans tous les romans martiens de
Dick
, ne cherchez aucune crédibilité scientifique.La planète Mars ressemble à une banlieue américaine typique des années 60 avec en marge une population d'indigènes martiens (les Bleeks) évoquant les aborigènes australiens.
Les colons martiens ont fui une terre surpeuplée et sans avenir, en proie à une schizophrénie galopante. Mais les seuls liens réels qu'ils conservent avec la Terre d'origine sont leurs névroses et une société affairiste corrompue.
Mars chez
Dick
, n'est que le reflet de la société américaine, la parabole d'un monde qui se déglingue, en mal de réparateurs (de machines mais aussi d'âme) et où l'homme d'affaires le plus puissant de la ville est le président du syndicat des plombiers.Une Mars morose bien éloignée des clichés de la conquête spatiale.
Glissement de temps :
La schizophrénie est ici considérée comme une altération des perceptions temporelles de l'individu, lui permettant de "glisser" dans le temps. Un moyen de voyager dans le temps non voulu, sans machine et purement psychique. Une expérience négative et destructrice, tournée vers un avenir de décrépitude et de mort. Des visions de chaos et d'entropie, où la "Rongeasse" est omniprésente. Le temps ronge tout.
L'intrigue très bien construite se développe selon le point de vue de plusieurs personnages dont les destins s'entrecroisent, des personnages que
Dick
réussit à rendre attachants malgré leurs névroses et leurs faiblesses très humaines. Même l'affairiste Kott n'arrive pas à être antipathique.Les meilleurs passages sont ceux des glissements dans le temps, les protagonistes revivant à plusieurs reprises, parfois dans le même chapitre, certains épisodes de leur vie dans un univers envahi par la personnalité du schizophrène. Le dénouement dans un jeu de miroirs entre la réalité et l'univers schizophrénique du jeune autiste est très réussi.
Un livre qui s'achève sur une note relativement optimiste. Au final, un sentiment d'apaisement comme si face au chaos qui nous entoure, le seul moyen de lutter residait dans la solidarité humaine et l'amour entre les êtres.
Pas forcément le