« Barney Mayerson s’éveilla avec un exceptionnel mal de tête dans une chambre inconnue d’un immeuble résidentiel inconnu. A côté de lui, les couvertures remontées jusqu’à ses épaules lisses et nues, la bouche délicatement entrouvertes pour respirer et la tête auréolée d’une cascade de cheveux d’un blanc cotonneux, dormait une fille qu’il ne connaissait pas… »
L’histoire :
Barney Mayerson est le responsable de New York des conseillés prevogs des combinés P.P. de Leo Bulero, régnant commercialement sans partage sur le système solaire grâce à sa compagnie écran qui en fait distribue le D-liss, une drogue qui permet aux colons des planètes au climat austère de tenir le coup.
Barney se lève un matin avec une nouvelle secrétaire pour apprendre que Palmer Eldritch, qui s’était exilé dans le système de Proxima du Centaure, revient dans notre système solaire. Quelles sont les raisons qui ont fait revenir Eldritch ? …
L’univers
Dick
ien.Autant le dire tout de suite, Le dieu venu du centaure est difficilement accessible aux débutants.
Dick
y mêle humains aux pouvoirs surhumains, voyages dans l’espace, voyage dans le temps et voyage onirique. Soit donc un mélange qui risque d’en perdre plus d’un. A l’instar d’Ubik, ce roman alterne deux réalités et l’on est parfois perdu, tant les méandres de la trame cachés par les montagnes sont nombreux. Ainsi, pour les amoureux de ces chemins tortueux chers àDick
, ce roman est jubilatoire. Pour ma part, j’apprécie grandement l’univers de la précognition que seul peut développerDick
, avec une maîtrise et un brio tel qu’il est écrit dans le dieu venu du centaure (une multitude de bonnes idées comme l’augmentation de l’intelligence, déformant le crâne du patient par exemple).La traduction.
Malheureusement, la traduction du titre en Français nous donne trop d’indices quant à l’intrigue même du roman.
Ne pas lire le quatrième de couverture qui gâche complètement la surprise.
L’intrigue.
Encore une fois, l’intrigue de base ne sert que de background pour que
Dick
puisse se livrer à un exercice admirable. Elle se résume à ceci : qui est Palmer Eldritch ? Pourquoi est il revenu ?Et les personnages vont, à travers une enquête, être entraînés parfois au milieu d’un monde du futur ou du présent.
Dick
en profite aussi pour réfléchir à la religion : à quoi bon vouloir convertir les hommes si aucun espoir ne reste en chacun d’eux ?A cela il nous pose les questions si simple mais impossible à appréhender : à partir de quand devient on un dieu ? Quelles sont ses motivations ? A t-il des sentiments ? Est ce qu’il doit forcément être bon ? Que doit il faire de nos pauvres âmes ? S’en soucie t-il ?
Une bonne grosse claque littéraire comme on n’en fait plus, le dieu venu du centaure est pour moi l’un des meilleurs
Dick
(voire le meilleur) que j’ai lu.Extraits :
« A l’horizon, une forme apparut, gigantesque et grise, fonçant sur eux à une incroyable vitesse. C’était une créature au museau effilé orné de terribles moustaches.
- C’est un rat, dit Monica calmement.
- Si grand que ça ? (A la connaissance de Leo, nul endroit du système solaire, lune ou planète n’était censé abriter une bête sauvage aussi gigantesque)
Que va-t-il nous faire ? demanda-t-il, étonné de voir qu’elle n’avait pas peur.
- Oh ! fit Monica, je suppose qu’elle va nous tuer . »