Le récit suit une pente naturelle. Sous le regard de quelques personnages, une chanteuse à la carrière déclinante, un étudiant en médecine, un voyou costaud, Robert
Silverberg
raconte les préparatifs de l'exil puis dans un second temps, les premiers jours de vie de la petite colonie sur Osiris.Dans ce vieux roman datant de 1962, le jeune auteur décrit un monde cruel où les autorités trouvent une solution radicale au problème de la surpopulation, en se débarrassant d’une fraction de leurs concitoyens. Il n’est pas innocent que l’écrivain nomme l’hémicycle de briefing de l’aéroport « salle 101 ». Autre avanie, le terme de « colonisation » répété à outrance dans La semence de la Terre ne doit pas faire illusion. Il s’agit bien de déportation. La sélection opérée rappelle plutôt les heures très sombres du siècle dernier. Pour mémoire l'auteur réitéra l’expérience quelques années plus tard avec Les déportés du Cambrien.
La seconde partie du roman, bien que brève, s'avère la plus intéressante. Ayant tout perdu, à des milliards de kilomètres de leur planète natale, les pionniers découvrent un Enfer, mais pas celui auquel ils s'attendaient. Afin de prendre un nouveau départ - thème récurrent chez le romancier -, ils leur faudra rompre définitivement tout lien avec la Terre. Robert
Silverberg
s'est inspiré nommément de Huis clos, une pièce de Jean-Paul Sartre. Quelle culture de la part d'un ancien universitaire américain âgé de 27 ans !La semence de la Terre est un roman mineur qui voit cependant un créateur légendaire commencer à secouer les codes du space-opera pour sonder les profondeurs de l’âme humaine. Un grand merci à Lord Jim de Culture SF.